Les juridictions
Le système judiciaire français est composé de deux grands ordres de juridictions : l’ordre administratif et l’ordre judiciaire.
L’ordre administratif : principalement compétent pour juger les litiges qui mettent en cause l’administration (collectivités locales, Etat, services publics…) dont la juridiction suprême est le Conseil d’Etat.
L’ordre judiciaire : compétent notamment pour régler les litiges en matière civile et en particulier les litiges entre particuliers, les litiges commerciaux ou les litiges en matière pénale et dont la juridiction suprême est la Cour de cassation.
La compétence de la juridiction va déterminer :
- l’étendue de sa compétence géographique ou de sa compétence territoriale ;
- le type de contentieux qu’elle peut être amenée à juger ;
- les montants à l’intérieur desquelles elle peut statuer ;
- les sommes au-delà desquelles les jugements qu’elle prononce sont susceptibles d’appel.
Lorsque la victime d’un préjudice agit au civil, elle peut obtenir réparation, sous forme de dommage et intérêts notamment, du dommage qui lui a été causé. Le procès au pénal permet quant à lui de faire sanctionner la personne ayant violé la loi pénale.
Les juridictions de l’Ordre judiciaire sont composées des juridictions civiles et des juridictions pénales.
Par ailleurs, pour une meilleure sécurité juridique, le principe du double degré de juridiction fonde l’organisation judiciaire, ce qui permet de rejuger l’affaire une seconde fois par une juridiction d’un degré supérieur.
LES JURIDICTIONS CIVILES
Juridictions de proximité – Juge de proximité :
Le juge de proximité, en matière civile, est compétent pour trancher les litiges civils de la vie quotidienne portant sur des sommes inférieures à 4 000 euros, tels que par exemple les litiges relatifs à l’action de restitution de dépôt de garantie inférieur à 4000 euros dans le cadre d’un bail d’habitation, les conflits de voisinage…
Tribunal d’instance (TI) :
Le tribunal d’instance est compétent pour trancher les litiges de la vie quotidienne ou sur des sommes comprises entre 4 000 et 10 000 euros, tels que par exemple les affaires relatives aux tutelles, baux d’habitation, actions en bornage ou demandes relatives aux baux d’habitation quel que soit le montant, litiges de crédit à la consommation…
La liste exhaustive des domaines de compétence du Tribunal d’Instance figure aux articles R 221-3 et suivants du Code de l’Organisation Judiciaire.
Tribunal de Grande Instance (TGI) :
Le taux de compétence du TGI est de 10 000 euros. Il peut donc être saisi de tout litige pour lequel le montant des prétentions excède 10 000 euros et qui n’entre pas dans le champ de compétence d’une juridiction spécialisée.
Le TGI est amené à trancher notamment les affaires concernant les personnes et la famille (Etat civil, régimes matrimoniaux, successions, divorce, autorité parentale …), les affaires concernant le droit de la propriété immobilière (saisies mobilières, etc…) ou les affaires dont le montant est indéterminé.
Conseil des prud’hommes (CPH)
Le CPH est compétent pour trancher les litiges relatifs au contrat de travail. Les conflits entre salariés et employeurs sont donc portés devant cette juridiction (licenciement, paie, harcèlement…).
Tribunal de Commerce (TC) :
Le tribunal de commerce est spécialement compétent pour trancher les litiges survenant entre commerçants ou concernant des actes de commerce. Il connaît également des affaires de défaillance d’entreprises.
LES JURIDICTIONS PENALES
Juge de proximité :
En matière pénale, les juges de proximité sont compétents pour juger les quatre premières classes d’infractions.
Tribunal de police
La compétence du tribunal de police couvre les contraventions de 5ème classe : ces infractions peuvent être punies d’une peine d’amende pouvant aller jusqu’à 1 500 euros (3 000 € en cas de récidive), et de peines restrictives ou privatives de droit (exemple : suspension du permis de conduire, interdiction de vote).
Sont notamment concernées les infractions au code de la route ainsi que les atteintes volontaires à la vie d’un animal, la vente forcée par correspondance, les violences volontaires ayant entrainé une incapacité temporaire de travail inférieure ou égale à 8 jours…
Tribunal correctionnel
Le Tribunal Correctionnel est la principale juridiction pénale. Il est compétent pour juger les délits, infractions que la loi punit de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans (ainsi que d’autres peines telles que l’amende et le travail d’intérêt général).
Sont notamment portés devant le tribunal correctionnel les délits suivants : le vol, l’escroquerie, l’abus de confiance, l’extorsion, les coups et blessures graves, les trafics de drogues, le vandalisme.
Cour d’Assises
La cour d’assises a compétence pour juger les crimes, qui représentent les infractions les plus graves et les plus sévèrement sanctionnées par le code pénal.
Devant la cour d’assises, les peines encourues sont de 10 ans de réclusion criminelle au minimum.
Sont notamment jugés devant la cour d’assises : les meurtres, viols, incestes, attaques à main armée, trafics de stupéfiants les plus graves, crimes contre l’humanité…
LES JURIDICTIONS DE SECOND DEGRE
Cour d’appel
La cour d’appel, juridiction de second degré, examine et rejuge les affaires déjà tranchées par les juridictions de première instance, telles que les tribunaux d’instance et de grande instance, le tribunal de commerce, le conseil des prud’hommes, le tribunal de police ou le tribunal correctionnel.
Pour que l’affaire puisse être rejugée en appel, la somme réclamée doit excéder 3720 euros (au civil).
Cour d’assises d’appel
La Cour d’assises d’appel réexamine les affaires déjà jugées par une autre Cour d’assises. Elle a été instituée par la loi sur la présomption d’innocence.
LA JURIDICTION SUPREME : LA COUR DE CASSATION
La cour de Cassation est la juridiction suprême chargée de veiller que les tribunaux appliquent correctement la loi.
Son rôle est de réexaminer les décisions rendues en dernier ressort, à savoir par une cour d’appel ou par une juridiction de première instance insusceptible d’appel.
La cour de cassation n’est pas compétente pour trancher le fond de l’affaire mais uniquement pour statuer sur le droit : elle donne l’interprétation de la loi appliquée lors du procès.
La cour de cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français. Sa compétence est nationale et elle siège à Paris.
La personne qui a fait l’objet de la décision doit former un pourvoi en cassation pour que son recours soit recevable.
La cour de cassation a deux options : casser la décision attaquée ou rejeter le pourvoi, ce qui équivaut à confirmer la décision contestée.
Si elle casse la décision, l’affaire est renvoyée devant une juridiction pour y être rejugée.
LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF
Le Tribunal Administratif
Le Tribunal Administratif juge les litiges entre les particuliers et les administrations.
Peuvent être concernés les actes ou les décisions de l’administration.
Sont notamment tranchés par le tribunal administratif : les refus de permis de construire, la contestation d’un POS ou du tracé d’une autoroute, les litiges d’expropriation, la réparation de dommages causés par l’activité de services publics, les refus de titre de séjour, l’expulsion d’un étranger, les contestations relatives aux impôts directs et à leur recouvrement.
Les Juridictions administratives spécialisées
Sont également présentes dans l’ordre administratif de nombreuses juridictions spécialisées : la Commission des recours des réfugiés, la Commission départementale d’aide sociale, la Section disciplinaire des ordres professionnel, la Commission d’indemnisation des rapatriés…
LA COUR ADMINISTRATIVE D’APPEL (CAA)
La Cour Administrative d’Appel est compétente pour réexaminer et rejuger les jugements rendus par les Tribunaux Administratifs pour lesquels l’une des parties n’est pas satisfaite du premier jugement.
LE CONSEIL D’ETAT
Juge administratif suprême, le Conseil d’État est le juge ultime des activités des administrations : pouvoir exécutif, collectivités territoriales, autorités indépendantes, établissements publics, organismes disposant de prérogatives de puissance publique.
Tous les litiges qui impliquent une personne publique (l’État, les régions, les départements, les communes, les établissements publics) ou une personne privée chargée d’un service public (comme les ordres professionnels, les fédérations sportives) relèvent (sauf si une loi en dispose autrement) de la compétence des juridictions administratives et donc, en dernier ressort, du Conseil d’État.
Tout comme la cour de cassation, le conseil d’Etat s’assure que les Cours administratives d’appel appliquent correctement la loi.